La culture, c'est au départ le premier outil qu'un groupe humain se donne pour vivre, et pour vivre ensemble, c'est l'ensemble des solutions originales qu'il invente aux problèmes de l'homme et de la société. L'avons-nous oublié, nous, les riches, qui avons transformé la culture en marchandise et qui tentons de l'exporter à la fois chez les pauvres du Tiers-Monde et dans notre tiers monde intérieur? Chez nous, la concentration du pouvoir a entraîné la perte de l'initiative culturelle pour la majorité de la population, son remplacement par l'innovation technique aux mains d'experts anonymes. A la création de culture s'est substituée une accumulation de patrimoine. La culture est devenue consommation. Quant aux autres, ils ont chacun leur culture, même si elle est étouffée, méprisée. Elle apparaît dans tous les faits de la vie quotidienne : nourriture, décoration du foyer, éducation des enfants, sport... Ce sont ces cultures innombrables qui doivent vivre, par une pédagogie de la libération culturelle fondée sur l'initiative d'individus et de communautés autonomes, si l'on veut que la culture des riches redevienne une culture comme les autres, se libère de ses démons, apprenne à dialoguer avec les autres dans la dignité partagée.